Le 250e anniversaire du
décès de Marguerite d’Youville sera célébré à Varennes le 23 décembre 2021.
Cette femme exceptionnelle, et étonnamment très moderne pour son époque, est née
à Varennes en 1701. Elle est décédée à Montréal en 1771.
Cet anniversaire sera
souligné lors d’une messe qui aura lieu à la basilique Sainte-Anne de Varennes,
le jeudi 23 décembre 2021, à 16h30. Le sanctuaire Sainte-Marguerite d’Youville,
un musée sur sa vie et son œuvre également situé à Varennes, sera alors ouvert
de 13h à 16h.
« Le sanctuaire est un lieu
de mémoire dédié à Marguerite d’Youville, c’est un musée d’histoire sur le
destin et la vie exceptionnels de cette Québécoise qui a voué sa vie aux gens
dans le besoin », explique Louise Girard, coordonnatrice du sanctuaire
Sainte-Marguerite-d’Youville.
Les gens qui le désirent
peuvent se recueillir sur le tombeau de celle qui a été canonisée en 1990, qui se
trouve dans la basilique Sainte-Anne.
« Encore aujourd’hui, les
gens qui la prient obtiennent ses faveurs. Nous recevons au sanctuaire et à la
basilique des témoignages de personnes ayant été exaucées par sainte Marguerite
d’Youville », précise Madame Girard.
Son histoire
Mère de famille
monoparentale après huit ans de mariage, elle a élevé seule ses deux fils après
le décès de son mari. La jeune femme de 28 ans a alors fait fructifier un
commerce de mercerie tout en prenant soin des démunis.
Alors que son dévouement
envers les personnes dans le besoin était de plus en plus connu, on lui a confié
en 1747 l’administration de l’Hôpital général de Montréal, un hospice pour les
hommes sans abri. Il s’agissait d’un cadeau empoisonné puisqu’elle devait assumer
toutes les dettes de l’hôpital alors en décrépitude.
Femme d’affaires avant l’invention
du terme, elle a remboursé les dettes, entrepris des rénovations, comprenant un
agrandissement, et a surtout accueilli tous les nécessiteux, hommes et femmes.
Avec ses compagnes, elle a pris soin des malades, des handicapés, des mères de
famille monoparentales (qu’on appelait les filles tombées), des orphelins, des
sans-abris. C’est une centaine de personnes dans le besoin qui a ainsi trouvé
refuge à l’Hôpital général. Pour nourrir toutes ces personnes, elle a
administré trois fermes : l’une à Pointe-Saint-Charles, une autre à
Chambly et la dernière sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay.
En
1750, Marguerite a appris par hasard, sur la place du Marché, que les nouvelles
autorités constituées par l’intendant Bigot, le gouverneur de La Jonquière et
Monseigneur Pontbriand voulaient supprimer
l’Hôpital général et transférer les pensionnaires à Québec.
Marguerite
ne s’est pas laissée faire, une pétition de 80 signatures dont celle du
gouverneur de Montréal a été expédiée à Paris. Les Sulpiciens ont fait valoir
que le terrain et les bâtiments leur appartenaient suite à une clause dans
l’acte de concession.
Le
roi de France devait mettre fin à ce litige en 1753 en accordant à la
communauté des Sœurs de la Charité de l’Hôpital Général de Montréal des lettres
Patentes. En 1755, Mgr Pontbriand a approuvé les Règles et le costume de la
nouvelle communauté religieuse aussi connue sous le nom des Sœurs Grises.
Pendant la guerre de
conquête, des soldats blessés ont été soignés sans distinction de langue, de
race ou de religion. Ce dévouement lui sera rendu après l’incendie de 1765 qui a
ravagé l’Hôpital général. Il a été reconstruit en six mois avec l’aide des
colons, des autochtones et de dons. Londres a envoyé de l’argent tant son
dévouement était connu de tous.
Avant l’incendie, elle
avait entrepris des démarches pour acquérir la seigneurie de l’île Saint-
Bernard. Et malgré ce coup
dur, elle a décidé d’aller de l’avant et d’acheter la seigneurie alors à l’abandon.
Âgée de 64 ans, elle a fait construire un nouveau moulin et une boulangerie, planté
un verger, rénové et modernisé les installations. Au moment de son décès, six ans
plus tard, tout était en place pour que la seigneurie donne un bon rendement.
Aujourd’hui, on la reconnaît
comme la fondatrice des services sociaux au Québec et comme l’une des
bâtisseuses de Montréal.
En 2003, elle a été
intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne, en Ontario, non pas
comme médecin, puisqu’elle ne l’était pas, mais dans la catégorie Leadership en
santé. Elle est l’une des rares femmes nommées à ce panthéon.